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Un vent de renouveau en Espagne

 

Albert Rivera, leader du parti "Citoyen"

 

Ce dimanche ont lieu les élections législatives en Espagne. Un scrutin décisif qui dessinera le futur du pays. Un scrutin qui scellera également le bilan du Premier Ministre sortant et leader du Parti Populaire espagnol Mariano Rajoy. Un bilan contrasté. D’une part, une situation macroéconomique en net progrès – forte croissance économique et un chômage qui recule (mais toujours à un niveau très élevé) – d’autre part une paupérisation de la société à cause d’une politique d’austérité peut être mal calibrée.

Alors que peut-on espérer de ces élections? D’abord un scrutin très serré et la fin du bipolarisation de la vie politique espagnole. Les deux grands partis traditionnels de gauche comme de droite – le PSOE et le PP – ne devraient pas recueillir plus de la moitié des votes. Un record. Pourquoi? Parce que comme en France, les échecs successifs de la gauche et de la droite face au chômage détournent petit à petit le vote des électeurs. Des électeurs qui se tournent vers de nouvelles formations politiques. Des formations sans bilan et qui promettent changement et renouveau.

Deux partis parviennent à capter l’essentiel de cette colère populaire. Deux partis aux antipodes qui n’ont en commun que de promettre une lutte acharnée contre la corruption. D’abord, le parti de gauche radical Podemos. Un parti créé il y a à peine 3 années et qui a déjà remporté des victoires électorales importantes lors des dernières élections régionales et municipales de mai dernier. Un parti dont le programme radical et les accointances avec Syriza en Grèce peuvent effrayer plus d’un électeur. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le leader de Podemos Pablo Eglesias a quelque peu recentré son discours ces dernières semaines.

Le second parti qui peut créer la surprise est le parti libéral et centriste Ciudadanos, (« Citoyens »). Son leader charismatique Albert Rivera est la grande surprise de ces élections. A seulement 36 ans, ce catalan anti-indépendantiste arrive à capter une part du vote populaire – il veut réformer le système judiciaire et supprimer le Sénat – mais parvient également à rassurer les milieux économiques. Un programme économiquement clairement libéral – Ciudadanos promet une forte baisse des impôts et un contrat de travail unique – qui permettrait de poursuivre et de renforcer les réformes déjà entreprises par le Parti Populaire depuis 5 années. Comme Podemos, Ciudadanos recueille près de 20% des intentions de vote dans les derniers sondages. Si cela se confirmait lors des élections ce dimanche, cela conférerait au parti d’Albert Rivera un rôle de faiseur de roi, sa position centriste lui permettant d’envisager une alliance avec la droite mais aussi avec la gauche (bien qu’il se soit pour le moment refusé à cette éventualité).

Quoi qu’il en soit, un vent de renouveau se lève sur l’Espagne. On ne peut que s’en réjouir. Et contrairement à la plupart des pays européens, les partis en dynamique électorale en Espagne sont des partis profondément pro-européens. On ne peut également que s’en réjouir.