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Mariage pour tous, droitisation: à quoi joue l’UMP?

Alors que le débat sur le mariage pour tous cristallise les tensions au sein de l’UMP, premier parti d’opposition du pays, la droite française serait elle à l’aube d’un changement de stratégie radical en vue des prochaines échéances électorales ? L’UMP est elle entrain de tourner son curseur idéologique encore plus à droite quand celui du Parti Socialiste et du gouvernement se recentre et n’a plus grand chose à voir avec la gauche dite « socialiste » ? La question se pose et elle demande des réponses, ne serait-ce que pour les futurs électeurs de ce parti politique.

Le parti de Jean-François Copé, son président contesté, est coupé en deux entre une ligne politique plus humaniste, gaulliste et libérale et une autre plus conservatrice et sécuritaire. Cependant, le fait que Jean Pierre Raffarin, symbole d’une droite modérée ou Franck Riester, favorable au mariage pour tous, soutiennent Copé tandis que François Fillon bénéficie du soutien de « monsieur sécurité » Eric Ciotti brouillent les pistes et montrent que le jeu des alliances à l’UMP dépasse le clivage idéologique qui semble apparaître. Les militants UMP sont souvent plus à droite que la majorité des cadres du parti, ce qui les rend plus proche de cette droite conservatrice incarnée par Copé et qui a d’ailleurs permis à ce dernier d’emporter de justesse la présidence de l’UMP (bien que sa victoire sera toujours contestée). Les sympathisants UMP sont souvent plus modérés, ce qui les fait pencher du côté de Fillon, quand Jean-François Copé apparaît comme très peu populaire au sein même de ses sympathisants. La droitisation des électeurs UMP à laquelle il faut ajouter la dédiabolisation et la normalisation de Marine Le Pen tend à rapprocher les électeurs FN et UMP et pose la question d’une alliance des droites à terme. Cela est cependant plus qu’improbable. Même si les électeurs de ces deux partis peuvent être proche idéologiquement, il n’en est rien de leurs cadres. Le FN est anti-européen et anti-libéral alors que l’UMP est pro-européen et d’inspiration libérale (bien que cela soit contestée, notamment de ma part) ce qui rend impossible les alliances au niveau national, et heureusement de surcroit.

Guillaume Peltier, symbole de la droitisation du parti
Guillaume Peltier, symbole de la droitisation du parti

Les conséquences du mariage pour tous, pour savoir s’il faudra ou non revenir sur la loi, la compléter, font débat au sein de l’UMP au point que le mariage pour tous est devenu un enjeu politique : Copé espère récupérer les anti-mariages gays pour en faire des futurs électeurs. Récemment, Guillaume Peltier et une partie de la droite forte, (premier mouvement au sein de l’UMP), ont appelé à faire battre Nathalie Kosciusko-Morizet aux primaires UMP de Paris uniquement car elle n’est pas une fervente opposante au mariage pour tous. « Peltier ou le Buisson qui cache la forêt » (dixit NKM) est le symbole de la rupture qui existe à l’UMP entre une droite dure, qui serait représentée par Copé, et une droite plus modérée. François Fillon, dans un documentaire diffusé par France 3, dit à ce sujet : «Il y avait une différence d’approche irréconciliable. Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu’il affaiblit la droite et qu’il nous fait perdre – c’est d’ailleurs ce qui s’est passé à l’élection présidentielle – moi, je pense que le Front national est à combattre parce qu’il est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère. Ca, c’est une vraie divergence». Et c’est justement cette divergence qui menace l’UMP d’implosion. La frange droitière du parti pourrait s’allier in fine avec le Front National. Dès lors, le reste de l’UMP, qui en serait la grande majorité je l’espère, redeviendrait le grand parti du centre et de la droite qu’il est censée être depuis sa création en 2002.

Avant d’imaginer un tel scénario, la seule et unique question que les membres du parti devraient se poser est : avec quelle UMP la droite peut-t-elle espérer reconquérir le pouvoir en 2017 ? Et même si on peut espérer reprendre le pouvoir, ne vaut il pas mieux perdre une élection et conserver son âme ? L’histoire nous enseigne que, depuis le début de la Vème République, la droite ne l’a emportée que lorsqu’elle s’est cantonnée à ses fondamentaux avec une fibre sociale, mais jamais en se radicalisant, comme ça a pu être le cas lors de la campagne présidentielle perdante de Nicolas Sarkozy. C’est donc plus à travers la personne de François Fillon que de Jean-François Copé que l’avenir de la droite, tel que je la conçois, devrait s’orienter pour récupérer le pouvoir mais aussi et surtout pour conserver ses valeurs européistes et modernes. Et j’espère que des personnalités comme Bruno Le Maire ou François Baroin (plus que NKM d’ailleurs), qui appartiennent à cette frange de la droite modérée, prendront un poids encore plus important dans l’appareil de l’UMP pour in fine être le centre de gravité idéologique du parti.

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Alors, Copé ou Fillon?

À l’aube des élections législatives qui arrivent désormais très bientôt et dont le retentissement dans les médias se fait peu présent (comme si c’était déjà joué d’avance, à raison?), une guerre des chefs se prépare à l’UMP, pour savoir qui va reprendre la présidence du parti en automne prochain, jugé comme un tremplin important en vue (déjà!) de la présidentielle en 2017. Cette guerre des chefs va se jouer, assez logiquement, entre François Fillon et Jean-François Copé, deux des plus grandes figures de la droite française aujourd’hui.

Après quelques piques et attaques via médias interposés , l’heure est au rassemblement à l’UMP en vue des élections législatives pour que la défaite annoncée soit la moins sévère possible. En effet, si en public, les dirigeant de l’UMP visent encore la victoire, en privé, ils admettent volontiers que celle-ci est pratiquement impossible et qu’il faudrait plusieurs grosses bourdes du nouveau gouvernement pour qu’elle se réalise. Pourtant, à l’intérieur du parti, le climat entre les deux hommes est délétère, ils ne s’aiment pas et ne s’aimeront sans doute jamais. Ce n’est pas tant sur les idées qu’il y a des désaccords (même s’il existe des divergences sur lesquelles je vais revenir), mais sur la personnalité des deux hommes.

François Fillon, désormais ex-premier ministre, a totalement raison de dire que depuis le départ de Nicolas Sarkozy, « il n’y a plus de leader naturel à l’UMP », et d’ailleurs même Jean-François Copé ne le conteste pas. De plus, la bataille ne va peut-être pas se jouer uniquement entre Fillon et Copé, d’autres peuvent tenter leurs chances, comme Alain Juppé. François Fillon est la personnalité de droite préférée des français, aux côtés d’Alain Juppé et loin devant Jean-François Copé. Les sympathisants de gauche, du centre, de droite et même ceux du FN le préfèrent à JF Copé. Cependant, ce dernier dispose d’un grand nombre de soutien au sein du parti et a conclu une alliance tacite avec les « mousquetaires » Valérie Pecresse, François Baroin, Bruno Lemaire et Luc Chatel pour devenir président de l’UMP. Étant donné que ce sont les militants et non les sympathisants qui voteront en automne prochain, JF Copé part donc avec un léger statut de favori.

À l’heure du choix (et si un choix il faut prendre) je choisirais François Fillon bien que j’estime que Copé est un formidable (trop ?) loup politique. Pourquoi ce choix ? Je pense vraiment que dans le comportement, JF Copé essaye d’être un Sarkozy bis et on sait tous que généralement, l’original est toujours mieux que la copie. Comme Sarkozy, Copé se veut plus clivant qu’un Fillon et incarne une droite plus dure que celui-ci. Jean-François Copé est un excellent débatteur  mais son coté guerrier prêt à tout peut exaspérer l’électorat et raviver des tensions qui seront in fine favorables au Front National. Il aime dominer et parfois cela se traduit par de l’arrogance, bien que cela puisse être un avantage d’être un esprit fort en politique. Concernant la stratégie face au FN aux élections législatives, Fillon semble favorable à celle du front républicain (faire barrage au FN en votant PS) quand Copé préfère celle du « ni-ni » (ni PS, ni FN, stratégie que moi-même je défends, pour en savoir plus allez voir mes précédents articles). Concernant François Fillon, son attitude bien plus rassembleuse au-delà de la droite est un atout indéniable. C’est là que je rejoins François Bayrou, qui lui aussi préfère Fillon « dont les idées et les valeurs sont absolument ouvertes et justes ». Cependant je trouve choquant que Bayrou assimile Jean-François Copé au « Tea Party » américain alors que peu de choses les rapprochent (notamment sur la politique sociale). Par ailleurs, je réfute l’idée que si l’on aimait Nicolas Sarkozy, on ne pouvait aimer François Fillon et vice versa à cause de leurs trop grandes différences de caractère. J’ai beaucoup aimé les deux et on a besoin de personnalités différentes dans un même parti. On reproche à Fillon un manque de charisme (à tort ou à raison) mais c’est aussi ce qu’on a reproché à François Hollande et pourtant il a été élu président de la République. Ainsi, la discrétion et le côté rassembleur de François Fillon peuvent se transformer en un avantage vis-à-vis des français, qui semblent n’avoir pas supporté l’omniprésence et l’hyperactivité du président Nicolas Sarkozy (bien que pour moi, ce sont des qualités rares).

Ces raisons me font penser que François Fillon serait un meilleur chef pour l’UMP, tout en pensant que JF Copé ne serait pas non plus un mauvais choix. Fillon incarne une droite plus sociale que celle de Copé. Cependant, ils sont d’accord sur l’essentiel, à savoir réduire les déficits de façon à ce qu’ils ne soient plus une menace pour le pays et restaurer la compétitivité des entreprises françaises pour relancer l’emploi et la croissance. Ce que je reproche à Copé, c’est qu’on a l’impression (comme certains l’ont eue avec Sarkozy) que ses prises de position sont plus électoralistes que le fruit de sa propre vision de la société (il incarnerait la droite dure proche de la droite populaire tout en étant foncièrement libéral, ce qui me laisse perplexe). Reproche que l’on ne peut pas faire à Fillon, qui a toujours gardé la même ligne de conduite. Mais quel que soit le vainqueur de ces élections pour la présidence de l’UMP, j’espère que le ou les vaincus reconnaitront très vite leur défaite et travailleront main dans la main avec le nouveau président du parti, condition sine qua non pour que l’UMP redevienne une machine à gagner les élections locales et nationales, chose qu’elle n’arrive plus à faire depuis trop longtemps.

Pour conclure, plus qu’à la présidence de l’UMP, c’est comme candidat de la droite républicaine en 2017 que j’aimerais voir François Fillon, ou dans une moindre mesure quelqu’un ayant la même ligne politique. Copé, que j’apprécie par ailleurs, est déjà impopulaire vis-à-vis des français car il divise plus que Fillon et aura donc plus de mal de l’emporter en 2017 qu’un Fillon ou un candidat plus modéré.

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Quelle stratégie l’UMP doit-elle adopter aux prochaines élections législatives?

Un vote sous tension?

Après la défaite de Nicolas Sarkozy, battu il y a une semaine avec un score de 48,4% (au passage plutôt un bon score au regard des sondages et de l’anti-sarkozysme primaire), l’UMP doit se remettre en ordre de bataille pour les prochaines élections législatives en juin.

En effet, rien n’est perdu pour l’ancienne majorité présidentielle en vue de ce nouveau combat même si elle part clairement en position d’outsider. La victoire de Hollande n’est pas si écrasante que cela, la France n’a pas forcément un « désir » de gauche et la droite républicaine est débarrassé du « boulet » Sarkozy qui a sûrement coûté la victoire à la droite. Il est intéressant de souligner que 55% des électeurs de Hollande ont voté pour celui-ci d’abord pour « écarter » Sarkozy du pouvoir. Un petit rappel enfin: Le Parti Socialiste est arrivé en tête au second tour de l’élection présidentielle dans 333 circonscriptions et la droite dans 244.

Quelle stratégie doit adopter l’UMP? Le vrai problème pour le parti de la droite républicaine n’est pas la gauche, mais bien le Front National et plus précisément le nouveau « Rassemblement Bleu Marine », qui aborde les législatives en position d’épouvantail prêt à couper de nombreuses têtes. Je ne parlerai pas du Modem dans cet article, qui pour moi s’est suicidé politiquement après l’annonce de son chef François Bayrou de voter à gauche, même si la décision était « personnelle ». Que faire donc face à la montée du FN et donc en cas de triangulaire qui opposerait UMP, PS et FN? (je rappelle qu’un candidat est au deuxième tour s’il rassemble au moins 12,5% des inscrits au premier tour, la participation est donc primordiale). Pire, que faire si le deuxième tour oppose la gauche et le FN, laissant à l’UMP un choix cornélien. L’UMP doit elle adopter la posture du front républicain, c’est à dire voter forcément contre le FN au deuxième tour, autrement dit voter socialiste ? Ou bien adopter le choix du « ni-ni », laisser libre ses électeurs choisir entre la gauche et le Front National ?

Ma position est très claire: l‘UMP ne doit pas choisir entre la gauche et « le Rassemblement Bleu Marine » au deuxième tour. Je vais maintenant m’expliquer. Si j’avais dû choisir à l’élection présidentielle entre François Hollande et Marine le Pen, je n’aurais pas hésité une seconde et aurais voté François Hollande, un socialiste très respectable et qui plus est moins « dangereux » que nombre de ses amis du parti. Au niveau économique, le programme d’Hollande est certes mauvais (de mon point de vue) mais largement meilleur que celui de Madame Le Pen. En termes de valeurs, la question ne se pose même pas: celles de la gauche sont largement plus respectables que celles de l’ « extrême droite ». Alors pourquoi est-ce que je pense que l’UMP ne doit pas choisir entre ces deux forces politiques?

Plusieurs raisons. La première serait qu’il ne me choquerait pas que le FN, un parti qui pèse pour 18% de l’électorat français, soit représenté à l’Assemblée nationale. Je trouverais ça plutôt normal, même si on peut être totalement en désaccord avec les idées de ce parti. Deuxièmement, si l’UMP choisit le candidat socialiste au second tour, on aura en France une vague rose aux législatives, qui n’aura pas loin de 400 députés, ce qui n’est en aucun cas souhaitable. En effet, je préfère que le PS ait une faible majorité et que l’Assemblée nationale soit plus représentative, que d’avoir une majorité écrasante de gauche. Enfin, si l’on ne souhaite ni l’un ni l’autre, on ne vote pas, il peut donc paraitre naturel de ne pas donner de consignes de votes et de laisser ses électeurs libres de leurs choix.

Voila pourquoi je pense qu’une cohabitation en France peut être la solution pour éviter que la crise ne dérape et ne débouche sur un scénario grec en France. Si ce n’est pas le cas, je souhaite bonne chance à la future majorité de gauche en espérant qu’elle ne déçoive pas trop le peuple et qu’elle redresse le pays du mieux possible.

Source image : L’express