À l’aube des élections législatives qui arrivent désormais très bientôt et dont le retentissement dans les médias se fait peu présent (comme si c’était déjà joué d’avance, à raison?), une guerre des chefs se prépare à l’UMP, pour savoir qui va reprendre la présidence du parti en automne prochain, jugé comme un tremplin important en vue (déjà!) de la présidentielle en 2017. Cette guerre des chefs va se jouer, assez logiquement, entre François Fillon et Jean-François Copé, deux des plus grandes figures de la droite française aujourd’hui.
Après quelques piques et attaques via médias interposés , l’heure est au rassemblement à l’UMP en vue des élections législatives pour que la défaite annoncée soit la moins sévère possible. En effet, si en public, les dirigeant de l’UMP visent encore la victoire, en privé, ils admettent volontiers que celle-ci est pratiquement impossible et qu’il faudrait plusieurs grosses bourdes du nouveau gouvernement pour qu’elle se réalise. Pourtant, à l’intérieur du parti, le climat entre les deux hommes est délétère, ils ne s’aiment pas et ne s’aimeront sans doute jamais. Ce n’est pas tant sur les idées qu’il y a des désaccords (même s’il existe des divergences sur lesquelles je vais revenir), mais sur la personnalité des deux hommes.
François Fillon, désormais ex-premier ministre, a totalement raison de dire que depuis le départ de Nicolas Sarkozy, « il n’y a plus de leader naturel à l’UMP », et d’ailleurs même Jean-François Copé ne le conteste pas. De plus, la bataille ne va peut-être pas se jouer uniquement entre Fillon et Copé, d’autres peuvent tenter leurs chances, comme Alain Juppé. François Fillon est la personnalité de droite préférée des français, aux côtés d’Alain Juppé et loin devant Jean-François Copé. Les sympathisants de gauche, du centre, de droite et même ceux du FN le préfèrent à JF Copé. Cependant, ce dernier dispose d’un grand nombre de soutien au sein du parti et a conclu une alliance tacite avec les « mousquetaires » Valérie Pecresse, François Baroin, Bruno Lemaire et Luc Chatel pour devenir président de l’UMP. Étant donné que ce sont les militants et non les sympathisants qui voteront en automne prochain, JF Copé part donc avec un léger statut de favori.
À l’heure du choix (et si un choix il faut prendre) je choisirais François Fillon bien que j’estime que Copé est un formidable (trop ?) loup politique. Pourquoi ce choix ? Je pense vraiment que dans le comportement, JF Copé essaye d’être un Sarkozy bis et on sait tous que généralement, l’original est toujours mieux que la copie. Comme Sarkozy, Copé se veut plus clivant qu’un Fillon et incarne une droite plus dure que celui-ci. Jean-François Copé est un excellent débatteur mais son coté guerrier prêt à tout peut exaspérer l’électorat et raviver des tensions qui seront in fine favorables au Front National. Il aime dominer et parfois cela se traduit par de l’arrogance, bien que cela puisse être un avantage d’être un esprit fort en politique. Concernant la stratégie face au FN aux élections législatives, Fillon semble favorable à celle du front républicain (faire barrage au FN en votant PS) quand Copé préfère celle du « ni-ni » (ni PS, ni FN, stratégie que moi-même je défends, pour en savoir plus allez voir mes précédents articles). Concernant François Fillon, son attitude bien plus rassembleuse au-delà de la droite est un atout indéniable. C’est là que je rejoins François Bayrou, qui lui aussi préfère Fillon « dont les idées et les valeurs sont absolument ouvertes et justes ». Cependant je trouve choquant que Bayrou assimile Jean-François Copé au « Tea Party » américain alors que peu de choses les rapprochent (notamment sur la politique sociale). Par ailleurs, je réfute l’idée que si l’on aimait Nicolas Sarkozy, on ne pouvait aimer François Fillon et vice versa à cause de leurs trop grandes différences de caractère. J’ai beaucoup aimé les deux et on a besoin de personnalités différentes dans un même parti. On reproche à Fillon un manque de charisme (à tort ou à raison) mais c’est aussi ce qu’on a reproché à François Hollande et pourtant il a été élu président de la République. Ainsi, la discrétion et le côté rassembleur de François Fillon peuvent se transformer en un avantage vis-à-vis des français, qui semblent n’avoir pas supporté l’omniprésence et l’hyperactivité du président Nicolas Sarkozy (bien que pour moi, ce sont des qualités rares).
Ces raisons me font penser que François Fillon serait un meilleur chef pour l’UMP, tout en pensant que JF Copé ne serait pas non plus un mauvais choix. Fillon incarne une droite plus sociale que celle de Copé. Cependant, ils sont d’accord sur l’essentiel, à savoir réduire les déficits de façon à ce qu’ils ne soient plus une menace pour le pays et restaurer la compétitivité des entreprises françaises pour relancer l’emploi et la croissance. Ce que je reproche à Copé, c’est qu’on a l’impression (comme certains l’ont eue avec Sarkozy) que ses prises de position sont plus électoralistes que le fruit de sa propre vision de la société (il incarnerait la droite dure proche de la droite populaire tout en étant foncièrement libéral, ce qui me laisse perplexe). Reproche que l’on ne peut pas faire à Fillon, qui a toujours gardé la même ligne de conduite. Mais quel que soit le vainqueur de ces élections pour la présidence de l’UMP, j’espère que le ou les vaincus reconnaitront très vite leur défaite et travailleront main dans la main avec le nouveau président du parti, condition sine qua non pour que l’UMP redevienne une machine à gagner les élections locales et nationales, chose qu’elle n’arrive plus à faire depuis trop longtemps.
Pour conclure, plus qu’à la présidence de l’UMP, c’est comme candidat de la droite républicaine en 2017 que j’aimerais voir François Fillon, ou dans une moindre mesure quelqu’un ayant la même ligne politique. Copé, que j’apprécie par ailleurs, est déjà impopulaire vis-à-vis des français car il divise plus que Fillon et aura donc plus de mal de l’emporter en 2017 qu’un Fillon ou un candidat plus modéré.