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Syriza, entre espoir et peur

La victoire de Syriza en Grèce le 25 janvier dernier marque un tournant dans la résolution de la crise européenne. Pour le meilleur ou pour le pire…

Alexis Tsipras, le nouveau trublion
Alexis Tsipras, le nouveau trublion

Le 25 janvier dernier, Syriza, le parti de la gauche radicale, remportait les élections législatives grecques. Un résultat attendu. Mais qui n’en constitue pas moins un tournant en Europe. Pour une partie de la gauche européenne, la victoire d’Alexis Tsipras, nouveau premier ministre grec, est un tournant salvateur. Le peuple grec a dit non aux politiques d’austérités imposées par l’Europe. Désormais, l’effet de contagion aux autres pays européens est possible. Fin 2015, le parti de la gauche radicale espagnole, Podemos, pourrait également prendre le pouvoir. De quoi mettre définitivement le pas à l’austérité. Et effrayer la Commission européenne et l’Allemagne, qui ont peur que les autres membres de la zone euro n’en profitent pour arrêter leurs efforts budgétaires et ne poursuivent plus la mise en œuvre des réformes structurelles.

La dette grecque dans toutes les têtes

Car la victoire de Syriza pose directement la question du maintien ou non de la Grèce dans la zone euro. L’Allemagne l’avait prévenu : si Syriza l’emportait, un « Grexit » – une sortie de la Grèce de la zone euro – était tout à fait envisageable. Alexis Tsipras avait lui aussi été catégorique. Lui au pouvoir, la Grèce en aurait fini avec l’austérité imposée par la Troïka – UE, BCE, FMI. D’abord, il a promis un grand plan de relance pour son pays. Relèvement massif du salaire minimum, électricité  gratuite pour près de 300 000 ménages, embauche de fonctionnaires, possibles nationalisations… Des mesures en opposition frontale avec ce que demande la Troïka en échange de ses prêts à taux préférentiels. Mais le nœud du problème n’en reste pas moins la dette grecque, qui cristallise toutes les attentions. 321,7 milliards d’euros, soit 175 % de son PIB, les chiffres donnent le tournis. Et le problème est bien là. Tsipras juge cette dette « non viable » et demande sa restructuration. Depuis sa victoire dimanche dernier, Tsipras tente d’arrondir les angles, se disant prêt à «collaborer et négocier pour la première fois avec nos partenaires une solution juste, viable, durable, qui bénéficie à tous». Pourtant, l’Allemagne et la Banque centrale européenne sont catégoriques : une suppression, même partielle, de la dette grecque est inenvisageable.

L’espoir ou le chaos

Dans le meilleur des scénarios, la victoire de Tsipras redonnerait de l’espoir à une Europe qui manque d’un grand projet et d’une vision. Les premiers motifs d’espérances sont d’ailleurs apparus. Le plan Juncker prévoit de dépenser plus de 300 milliards d’euros sur trois ans pour relancer l’investissement en Europe. Et les annonces faites par Mario Draghi, président de la BCE, le 22 janvier dernier ont suscité l’espoir. La BCE a annoncé qu’elle achèterait 60 milliards d’euros de dette publique et privée par mois d’ici à septembre 2016, soit en tout 1 140 milliards. Un rachat de dette qui pourrait notamment profiter à la … Grèce. Mais le scénario du pire est lui aussi envisageable. Tsipras allant au clash avec la Commission Européenne, il obligerait la Grèce à quitter la zone euro. Dans ce cas, la victoire de Syriza et la nouvelle politique monétaire déclenchée par la BCE pourrait aussi annoncer le futur éclatement de la zone euro.

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