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La déflation nous menaçait, elle devient désormais une réalité. Les prix ont diminué de 0,2% dans la zone euro en décembre dernier et c’est une première depuis décembre 2009. Avec la baisse des prix du pétrole, cette situation pourrait perdurer. Plus inquiétant, les causes de la déflation en Europe sont aussi structurelles : démographie en berne, croissance atone, essor de l’économie numérique, poids des dettes et des dépenses publiques.
Dès lors, la réaction de la Banque centrale européenne était attendue. Les mesures annoncées sont même exceptionnelles. La BCE va acheter chaque mois 60 milliards d’euros de dette publique et privée d’ici à septembre 2016, soit 1 140 milliards au total. Mais même avec cela, on peut se demander si ces mesures seront suffisantes. Ou pire, si elles seront efficaces. D’abord parce qu’il n’est pas certain que les entreprises profitent de ces liquidités pour emprunter et investir. Pendant l’été 2014, la BCE avait annoncé un programme de prêt de long terme aux banques à hauteur de 400 milliards d’euros. En septembre, à peine 80 milliards avait été utilisés. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Ensuite parce que le canal monétaire classique est bloqué. Le principal taux directeur est proche de zéro depuis des années et les taux d’emprunt de la plupart des Etats européens sont désormais à des niveaux historiquement bas, sans que les effets sur la croissance ne se fassent pour le moment sentir.
Les mesures annoncées par Mario Draghi ne peuvent être efficaces que si dans le même temps des réformes structurelles et de véritables réductions des dépenses publiques sont lancées par les Etats européens, la France en tête. Avec l’apport du Plan Juncker pour relancer l’investissement en Europe, les conditions d’un retour de la confiance seront présentes. Lorsque cette confiance reviendra, alors la consommation, l’investissement et l’inflation repartiront.