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Non, Emmanuel Macron n’est pas (seulement) le Président des riches

Depuis plusieurs semaines, le Président Emmanuel Macron s’est vu collé notamment par ses détracteurs de la France Insoumise, l’étiquette de « Président des riches », comme Nicolas Sarkozy avant lui. Dès lors, est il logique de se poser la question, et de savoir si cette accusation est fondée ou non. 

Emmanuel Macron, président des riches?

Emmanuel Macron est-il le Président des riches? Plusieurs éléments tangibles semblent aller dans ce sens. En effet, le budget 2018 dispose de plusieurs mesures favorables aux plus fortunés. Parmi lesquelles:

  • la transformation de l’impôt sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI) qui devrait couter 3,2 milliards d’euros à l’Etat et qui a pour objectif de stimuler l’activité en encourageant les contribuables aisés à investir dans l’économie réelle.
  • La mise en place d’un prélèvement unique forfaitaire, ou « flat tax » de 30% sur les revenus du capital, hors livret A, PEA, pour un coût estimé de 1,3 milliard d’euros.

Ainsi, les Français les plus riches bénéficieront de 4,5 milliards d’euros de « cadeau fiscal », jusqu’à 7 voir 8 milliards selon l’observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) . Quand bien même ce montant est important, il s’agit de le nuancer.

D’abord, parce que cette baisse d’imposition pour les plus riches ne compense pas la forte hausse qui a eu lieu sous le quinquennat de François Hollande (14 milliards de hausse d’impôt, en grande majorité qui payés par les 20% des ménages les plus fortunés). Ensuite, parce que malgré cette baisse d’impôt à venir, le niveau d’imposition du capital sera encore largement supérieur en France à celui de l’Allemagne.

En effet, selon un rapport d’Eurostat, l’ensemble des prélèvements liés au capital (mobilier et immobilier; des entreprises et des ménages) représentait en 2015 10,8% du PIB en France (235,6 milliards d’euros) contre 6,3% du PIB en Allemagne (191,6 milliards). Rappelons également que le taux de taxation implicite du capital – rapport entre le produit des prélèvements obligatoires sur le capital et le montant des revenus du capital – en France atteint 53% (source: Eurostat, 2017), soit plus du double qu’en Allemagne (24%). Ainsi, la baisse de 4,5 ou de 7 milliards d’euros à venir n’empêchera pas l’écart entre les deux pays de rester très important.

Si les plus riches vont ainsi voir leur fiscalité baisser en moyenne, ce n’est pas le cas de tous. Ainsi, la hausse de 1,7 point de la CSG – contribution sociale généralisée – dès le 1er janvier 2018 touchera les 2,5 millions de retraités les plus aisés, qui seront les seuls à ne pas voir cette hausse d’imposition compensée. L’objectif du gouvernement est donc de réduire la pression fiscale non pas sur l’ensemble des fortunés, mais sur ceux qui participent au financement de l’économie productive.

Plusieurs mesures en faveurs du pouvoir d’achat des plus démunis

Aussi et surtout, de nombreuses mesures fiscales inscrites dans le budget 2018 prévoient de réduire la pression fiscale ou de redonner du pouvoir d’achat à l’ensemble des salariés, et en particulier certains publics défavorisés. Parmi lesquelles:

  • La baisse des cotisations sociales salariales chômage et maladie sera effective en deux temps dès 2018. Elle doit pour les salariés du privé plus que compenser la hausse de la CSG.
  • La suppression de la taxe d’habitation (TH) pour 80% des foyers fiscaux à terme, pour les ménages qui ne dépassent pas un certain plafond de ressource. La taxe sera réduite d’un tiers dès le 1er janvier 2018.
  • L’augmentation de la prime d’activité de 80 euros de pouvoir d’achat pour un salarié payé au niveau du SMIC d’ici à 2019.
  • La revalorisation importante de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) de 90 euros par mois, à 900 euros mensuel pour une personne seule.
  • Le minimum vieillesse – prestation sociale qui sert de complément de ressource et sans contrepartie de cotisation – doit aussi être augmenté de 100 euros par mois d’ici à 2020.

Ainsi, l’ensemble de ces mesures devrait d’ici à 2022 permettre aux salariés au niveau du SMIC de voir leur pouvoir d’achat augmenter d’un treizième mois. Critique légitime, elles seront pleinement effectives à la fin du quinquennat tandis que les mesures fiscales en faveur des plus fortunés interviendront dès 2018.

Enfin, il ne s’agit pas de prendre en compte ces mesures fiscales seules sans l’ensemble des réformes mises en place ou à venir: la réforme du code du travail, de la formation professionnelle, de l’assurance chômage, etc. In fine, le pari du Président Emmanuel Macron et du gouvernement est de favoriser l’investissement dans l’économie réelle et productive et de faire reculer significativement le chômage en France, ce qui doit à terme soutenir le pouvoir d’achat de tous les Français, y compris les plus démunis. Il est donc abusif d’employer la formule « Président des riches » pour le qualifier.

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