Auteur/autrice : Charles
Attendu, le grand projet d’investissement de 315 milliards pour relancer la croissance européenne a enfin été annoncé par la Commission européenne. Les réactions ne se sont pas faites attendre.

Le risque de déflation en zone euro oblige la Banque Centrale Européenne à poursuivre et à accélérer son programme de soutien à la croissance en Europe.
Une page se tourne aux Etats-Unis, une autre s’ouvre en Europe. Alors que la Federal Reserve a annoncé fin octobre la fin de son programme de rachat de dette publique à long terme, la Banque Centrale Européenne (BCE) lance le sien. La BCE s’est dite prête à injecter 1 000 milliards d’euros dans l’économie de la zone euro, via une augmentation de son bilan. Mario Draghi, son président, a même déclaré qu’il était prêt à «préparer, en temps voulu, de nouvelles mesures à mettre en œuvre, si nécessaire». A t’il en tête une monétisation des dettes européennes ? Pour l’instant, cette pratique qui consiste au financement direct des Etats par la Banque Centrale est interdite par le traité de Lisbonne. Considérant la situation actuelle comme explosive, Mario Draghi souhaiterait dépasser les objectifs fixés par la BCE et lancer une Quantitative Easing (QE) au sein de la zone euro. Le risque de japonisation de la zone euro– qui caractérise une longue période de déflation et de stagnation économique – oblige l’autorité monétaire européenne à revoir ses plans. « Nous devons toujours faire attention aux risques à la baisse pesant sur notre prévision d’inflation » à moyen terme, a déclaré le président de la BCE le 17 novembre dernier devant la commission des affaires économiques et financières du Parlement Européen.
Ces mesures, dites « non-conventionnelles », sont depuis le début de la crise de la zone euro bien accueilli par les marchés financiers. Dans le cadre de son nouveau programme, la BCE prévoit notamment « l’acquisition d’obligations sécurisées », obligation dont le service est garanti par des crédits hypothécaires. Des achats d’ABS (asset back securities), titres adossés aux créances de PME, seront aussi lancés pour « au moins deux ans ». L’objectif de cette QE est de soutenir la croissance et de relancer l’inflation dans la zone euro. Jens Weidmann, président de la Bundesbank, estime cependant que«la balance entre les coûts et les bénéfices (de ces achats) est pour le moment négative».
Mêmes exceptionnelles, ces mesures sont encore jugées insuffisantes par certains membres du gouvernement français et de la majorité de gauche. Reprenant les arguments de Paul Krugman, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du parti socialiste, annonçait sur Radio France mercredi 19 novembre « Nous sommes dans une phase de déflation et il faut que l’Europe se ressaisisse car la japonisation de l’économie européenne est en marche ». Il est vrai que l’inflation a considérablement ralenti dans la zone euro depuis 2012. En octobre dernier, l’inflation dans la zone n’a progressé que de 0,4% en glissement annuel. Ce ralentissement touche tous les grands pays.
Bien qu’il constitue un soutien indéniable à la croissance, ce rachat massif des dettes souveraines par la BCE ne peut pas à lui seul annihiler le risque de déflation eu Europe. Comme aime le rappeler Mario Draghi, la politique monétaire n’y arrivera pas seule. Le président de la BCE exhorte les pays de la zone euro à poursuivre les réformes structurelles et surtout à mettre en place un grand plan d’investissement à l’échelle de la zone. Justement, la Commission Européenne songe à la création d’un fonds d’investissement financé par le budget de l’UE ou celui de la Banque Européenne d’investissement. Ce « plan Juncker » de 300 milliards d’euros doit aussi inciter les acteurs privés à s’associer à des projets d’infrastructures sur tout le continent.

Source: Challenges.fr
François Hollande a fait des promesses, beaucoup de promesses. Malheureusement pour lui – et surtout pour nous – le président de la République n’a pas pu en tenir beaucoup. Sur le chômage d’abord. L’inversion de « la courbe du chômage » promise pour fin 2013 n’a pas eu lieu. Et elle ne devrait pas non plus survenir en 2014. Mais le véritable échec du gouvernement français est bel est bien la nouvelle envolée des déficits publics. Ces derniers, qui mesurent la différence entre les recettes et les dépenses de l’État, des collectivités territoriales et de la sécurité sociale sont en réalité le vrai camouflet pour le gouvernement. Bien plus que le chômage.
Preuve par les chiffres. Pendant la campagne présidentielle de 2012, le candidat François Hollande promettait de ramener le niveau des déficits publics à 3% du Produit Intérieur Brut (PIB) dès l’année 2013. Très rapidement, n’ayant pas constaté l’ampleur de la crise et dans l’incapacité de réaliser de véritables économies budgétaires, le gouvernement français renégociait un nouvel accord avec la Commission Européenne afin de ramener les déficits à 3% du PIB pour 2015. Cette fois ci, ça serait la bonne nous promettait le Président français, rappelant qu’il en allait de la crédibilité de la France de ramener les déficits dans les clous de Bruxelles. Finalement, les chiffres du déficit français sont mauvais depuis le début du quinquennat Hollande, comme ils l’ont été sous le présidence de Nicolas Sarkozy. Le déficit public atteignait 4,2% du PIB en 2013, il devrait atteindre 4,4% en 2014 selon le ministre des finances publiques Michel Sapin. Et seulement 4,3% en 2015… très loin de l’objectif des 3%. Pour rappel, 4% du PIB, cela représente 80 milliards d’euros, un véritable gouffre financier. L’objectif des 3% est désormais reporté à 2017 (contre 2013 au départ, rappelons le). Si l’on se fie cette fois aux prévisions gouvernementales, cela signifiera qu’entre 2013 et 2015, le ratio déficit public/ PIB aura augmenté. Et dire que certains se plaignent que le gouvernement français mène une politique d’austérité. On croit rêver.
Mais alors pourquoi les déficits français représentent le premier échec du gouvernement français, et non pas le chômage comme beaucoup peuvent le dire ? Parce que sur le front du chômage, « l’État ne peut pas tout » comme le rappelle la fameuse formule. C’est l’activité économique qui dicte le niveau du chômage, et non pas la puissance publique. L’État peut et doit essayer de stimuler l’activité économique mais il n’a pas de rôle direct sur le niveau de chômage, sauf via l’embauche de fonctionnaires et celle des « emplois aidés ». In fine ce sont bien les entreprises qui créent les emplois pérennes. Accuser uniquement l’État du chômage en France est donc exagéré et surtout mensonger.
En revanche, les pouvoirs publics sont responsables du niveau des déficits publics, puisqu’ils peuvent globalement maitriser le niveau de dépenses publiques et des prélèvements obligatoires. Le seul coupable des dérapages des déficits publics est donc le gouvernement français. Le gouvernement a promis 50 milliards d’économies dans les dépenses publiques d’ici à 2017. Même si plus « affaiblirait la croissance » comme aime le rappeler le gouvernement, on peut légitimement se demander si elles sont suffisantes. Pire, pour le moment, on ne voit pas le début du commencement de ces fameuses économies, qui sont pourtant indispensables au redressement du pays. Les dépenses publiques représentent près de 1 150 milliards d’euros en France (57% du PIB). Faire 50 milliards d’économie, cela représente à peine 4,5% du total de ces dépenses. C’est à la portée de notre pays.
Alors certes, Bercy a de bonnes excuses. Il est plus difficile de réduire les déficits quand la croissance est nulle et l’inflation très basse. Mais ce n’est pas impossible. Avec ce nouveau dérapage, la crédibilité de la France auprès de Bruxelles et des investisseurs étrangers en prend un coup. Pour le moment, la France emprunte sur les marchés financiers à des taux extrêmement bas, environ 1,4% aujourd’hui. Mais cela pourrait ne pas durer, surtout si le gouvernement continue à ne pas respecter ses engagements en matière de réduction des déficits publics. Si les taux devaient subitement augmenter, les conséquences seraient grandes pour la France. La charge de la dette exploserait et coûterait chaque année des milliards supplémentaires à l’État. Mais si les taux augmentaient, cela pousserait certainement le gouvernement à enfin mener les réformes structurelles qui libéreraient enfin la croissance en France – les retraites, les 35 heures, le marché du travail, le millefeuille territorial, la réforme de l’État etc. Alors, que faut il espérer ?

Depuis janvier 2013 et la mise en œuvre anticipée du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE), puis début 2014 celle du Pacte de Responsabilité, François Hollande et le gouvernement français ont définitivement pris un virage social-démocrate afin de sortir la France du marasme économique qu’elle traverse depuis maintenant plus de 5 années. L’enjeu est de taille. Il s’agit de relancer la machine économique qui est en panne et cela sans creuser les déficits, puisque le niveau de la dette et celui des déficits en France sont à des niveaux records. « Il nous faut produire plus, il nous faut produire mieux. C’est donc sur l’offre qu’il faut agir. Sur l’offre ! Ce n’est pas contradictoire avec la demande. L’offre crée même la demande ». Hollande a donc choisi d’adopter une politique dite –de l’offre- à rebours des idées traditionnelles de gauche et keynésiennes. En effet, la politique de l’offre met l’accent sur la production, outil qu’il faut relancer avant de pouvoir redistribuer les richesses. Dans ce sens, cette politique peut être définie comme libérale.
Comme les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques ont aussi atteint des niveaux sans précédent (respectivement 46% et 56,9% du PIB en 2013 selon l’INSEE), le gouvernement a choisi de mettre en place le Pacte de Responsabilité, qui place les entreprises au cœur du système de redressement national. Conscient que la création d’emploi ne peut plus passer par des emplois publics, le gouvernement a décidé de soutenir fortement les entreprises, seules créatrices d’emplois stables et pérennes.
L’idée centrale est de baisser les charges sociales afin de baisser le coût du travail en France et donc de relancer la compétitivité des entreprises et de redresser leurs marges. Ce « choc de compétitivité » – notion qui date déjà de fin 2012 – est un transfert partiel du financement de la protection sociale des entreprises vers la fiscalité des revenus. Cette baisse des charges sociales pour les employeurs est donc en théorie compensée par une augmentation de la CSG et de la TVA, qui touchent toute la population et particulièrement les ménages. Au premier janvier 2014, le taux normal de la TVA a augmenté, passant de 19,6 à 20%, soit une hausse relativement modeste et moindre que celle que le gouvernement Fillon avait fait voter en 2012. Par ailleurs, la TVA réduite – dont celle sur la restauration qui avait été abaissée sous le précédent quinquennat – a été rehaussée de 7% à 10%. Pour l’heure, le gouvernement français ne prévoit pas d’augmenter la CSG, même si l’idée d’une CSG progressive reste dans les tuyaux, de même qu’une possible fusion entre la CSG et l’IRPP. Ce transfert de charges des entreprises vers les ménages a l’avantage que la fiscalité des revenus possède une assiette plus large, la rentrée fiscale est donc plus forte. Cette mesure aura aussi des effets sur les biens importés, dont les prix seront renchéris via la hausse de la TVA.
Ainsi, sans utiliser le mot, le gouvernement français pratique la dévaluation fiscale – ou TVA sociale – et cela a peu ou prou le même effet qu’une dévaluation monétaire, qui n’est plus possible dans les pays de la zone Euro. Cette politique ne fait pas consensus au sein même du Parti Socialiste, puisqu’un tel transfert appauvrit à court terme les ménages, et qu’il affaiblit la demande et donc peut nuire à la croissance économique. Cependant, cette dévaluation, via le double effet baisse des charges et hausse de la TVA va augmenter la compétitivité des entreprises françaises par rapport à la concurrence étrangère. En effet, les baisses de charges peuvent permettre aux entreprises de baisser leurs prix et de redresser leurs marges, et ainsi de relancer l’investissement privé et l’innovation à moyen et long terme. Dans le même temps, le gouvernement a annoncé son ambition de ramener l’impôt sur les sociétés (l’IS) aux standards européens autour de 30%, alors qu’actuellement l’IS est de 38% en France.
Pourquoi la France est-elle obligée de mener cette politique de dévaluation fiscale? Parce que depuis les années 1990, la compétitivité française s’est effondrée. Selon l’OCDE, le solde des transactions courantes français est passé de 0,7% du PIB en 1995 à -2,2% en 2012. Selon Eurostat, le taux de marge des entreprises est passé de 32% en 1995 à 28% aujourd’hui, soit plus de 10 points de moins que celui de nos homologues allemands. Dans un environnement compétitif et mondialisé, seule une dévaluation fiscale peut enrayer notre déclin et relancer la machine économique afin de combler notre retard sur les autres pays. C’est pourquoi le gouvernement a décidé de mettre en œuvre cette politique dite –de l’offre-.
Cependant cette politique pose plusieurs questions. La baisse des charges sociales sur les entreprises va t-elle rendre plus compétitifs les produits nationaux et donc débouchersur une baisse des prix? En effet, une crainte serait que les entreprises en profitent seulement pour augmenter les dividendes de leurs actionnaires. Si non, faut-il demander des contreparties aux entreprises? Lesquelles? La gauche au pouvoir est assez divisée sur cette question, entre un gouvernement qui veut donner plus de souplesse aux entreprises et des députés socialistes qui veulent des contreparties fortes, notamment en termes de créations d’emplois.
Quels effets aura la baisse des charges sur les salaires? La hausse de la TVA aura t-elle une incidence sur le pouvoir d’achat des français ? Si les salaires réels pourraient baisser à court terme à cause de cette hausse, des études montrent que les salaires ont une élasticité positive au coût du travail, ce qui signifie qu’à moyen et long terme, les salaires augmentent. Enfin, les effets de cette dévaluation fiscale sont ils temporaires ou permanents ? Aghion, Cohen et Cette, montrent que via la future hausse des salaires, les effets sont uniquement temporaires. Cependant, ils permettent de redresser les marges et l’investissement des entreprises, qui auront des effets positifs à long terme.
P. Aghion, G. Cette et E. Cohen dans Changer de Modèle soutiennent cette l’idée de dévaluation fiscale, mais préconisent d’aller plus loin en « pensant autrement ». La France ne doit plus avoir un train de retard sur ses partenaires mais au contraire anticiper les changements qui traversent nos sociétés, et cela passe par l’innovation et la transition énergétique.
Alors que le débat sur le mariage pour tous cristallise les tensions au sein de l’UMP, premier parti d’opposition du pays, la droite française serait elle à l’aube d’un changement de stratégie radical en vue des prochaines échéances électorales ? L’UMP est elle entrain de tourner son curseur idéologique encore plus à droite quand celui du Parti Socialiste et du gouvernement se recentre et n’a plus grand chose à voir avec la gauche dite « socialiste » ? La question se pose et elle demande des réponses, ne serait-ce que pour les futurs électeurs de ce parti politique.
Le parti de Jean-François Copé, son président contesté, est coupé en deux entre une ligne politique plus humaniste, gaulliste et libérale et une autre plus conservatrice et sécuritaire. Cependant, le fait que Jean Pierre Raffarin, symbole d’une droite modérée ou Franck Riester, favorable au mariage pour tous, soutiennent Copé tandis que François Fillon bénéficie du soutien de « monsieur sécurité » Eric Ciotti brouillent les pistes et montrent que le jeu des alliances à l’UMP dépasse le clivage idéologique qui semble apparaître. Les militants UMP sont souvent plus à droite que la majorité des cadres du parti, ce qui les rend plus proche de cette droite conservatrice incarnée par Copé et qui a d’ailleurs permis à ce dernier d’emporter de justesse la présidence de l’UMP (bien que sa victoire sera toujours contestée). Les sympathisants UMP sont souvent plus modérés, ce qui les fait pencher du côté de Fillon, quand Jean-François Copé apparaît comme très peu populaire au sein même de ses sympathisants. La droitisation des électeurs UMP à laquelle il faut ajouter la dédiabolisation et la normalisation de Marine Le Pen tend à rapprocher les électeurs FN et UMP et pose la question d’une alliance des droites à terme. Cela est cependant plus qu’improbable. Même si les électeurs de ces deux partis peuvent être proche idéologiquement, il n’en est rien de leurs cadres. Le FN est anti-européen et anti-libéral alors que l’UMP est pro-européen et d’inspiration libérale (bien que cela soit contestée, notamment de ma part) ce qui rend impossible les alliances au niveau national, et heureusement de surcroit.

Les conséquences du mariage pour tous, pour savoir s’il faudra ou non revenir sur la loi, la compléter, font débat au sein de l’UMP au point que le mariage pour tous est devenu un enjeu politique : Copé espère récupérer les anti-mariages gays pour en faire des futurs électeurs. Récemment, Guillaume Peltier et une partie de la droite forte, (premier mouvement au sein de l’UMP), ont appelé à faire battre Nathalie Kosciusko-Morizet aux primaires UMP de Paris uniquement car elle n’est pas une fervente opposante au mariage pour tous. « Peltier ou le Buisson qui cache la forêt » (dixit NKM) est le symbole de la rupture qui existe à l’UMP entre une droite dure, qui serait représentée par Copé, et une droite plus modérée. François Fillon, dans un documentaire diffusé par France 3, dit à ce sujet : «Il y avait une différence d’approche irréconciliable. Nicolas Sarkozy pense que le Front national est à combattre parce qu’il affaiblit la droite et qu’il nous fait perdre – c’est d’ailleurs ce qui s’est passé à l’élection présidentielle – moi, je pense que le Front national est à combattre parce qu’il est en dehors des limites du pacte républicain tel que je le considère. Ca, c’est une vraie divergence». Et c’est justement cette divergence qui menace l’UMP d’implosion. La frange droitière du parti pourrait s’allier in fine avec le Front National. Dès lors, le reste de l’UMP, qui en serait la grande majorité je l’espère, redeviendrait le grand parti du centre et de la droite qu’il est censée être depuis sa création en 2002.
Avant d’imaginer un tel scénario, la seule et unique question que les membres du parti devraient se poser est : avec quelle UMP la droite peut-t-elle espérer reconquérir le pouvoir en 2017 ? Et même si on peut espérer reprendre le pouvoir, ne vaut il pas mieux perdre une élection et conserver son âme ? L’histoire nous enseigne que, depuis le début de la Vème République, la droite ne l’a emportée que lorsqu’elle s’est cantonnée à ses fondamentaux avec une fibre sociale, mais jamais en se radicalisant, comme ça a pu être le cas lors de la campagne présidentielle perdante de Nicolas Sarkozy. C’est donc plus à travers la personne de François Fillon que de Jean-François Copé que l’avenir de la droite, tel que je la conçois, devrait s’orienter pour récupérer le pouvoir mais aussi et surtout pour conserver ses valeurs européistes et modernes. Et j’espère que des personnalités comme Bruno Le Maire ou François Baroin (plus que NKM d’ailleurs), qui appartiennent à cette frange de la droite modérée, prendront un poids encore plus important dans l’appareil de l’UMP pour in fine être le centre de gravité idéologique du parti.
Dans moins de deux semaines nous saurons qui sera le prochain président des États-Unis d’Amérique, 1ère puissance économique et militaire du monde. Le vainqueur aura donc un rôle crucial à jouer dans les 4 années à venir pour sortir son propre pays de la crise, mais aussi et surtout le monde entier. Deux candidats aux tempéraments différents s’opposent: Mitt Romney, le challenger républicain, et Barack Obama, le candidat démocrate sortant, toujours plus ou moins favori des sondages, du moins au niveau des grands électeurs et dans les États clés « Swing State » (ce qui est le plus important).
M. Obama jouit d’une très forte popularité en France et en Europe, notamment grâce à l’enthousiasme qu’a suscité son élection en 2008, notamment au travers des promesses qu’il avait faites. Cependant, son bilan n’est pas tout rose, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il est mis en difficulté aux USA pour sa réélection. Parmi les bons points, il a « sauvé » l’automobile américaine, il a créé un système de santé plus juste (L’Obamacare que les républicains promettent de supprimer quand ils seront au pouvoir), et il a « tué » Ben Laden. Parmi les mauvais points, il n’a pas fermé Guantánamo (alors que cette promesse était attendue dans le monde entier), il n’a pas su assez réformer le système financier américain et Wall Street, qui restent les maitres du jeu financier aux USA. De plus, le bilan économique est mauvais : le taux de chômage est certes le même qu’en 2008, mais le nombre de chômeurs est bien plus élevé, la dette publique américaine dépasse désormais largement les 100% du PIB et les États-Unis ont perdu le triple A.
Cependant, le but de cet article n’est pas de faire un bilan des 4 ans de Barack Obama, mais bien de s’intéresser à son challenger Mitt Romney, souvent caricaturé à raison comme un candidat ultra-libéral et ultra-conservateur. Il s’agit donc ici de voir et d’analyser quel impact aurait la victoire de Mitt Romney sur la politique intérieure et extérieure aux États-Unis.
Pour cela, étudions rapidement les grandes lignes du programme du candidat républicain.
Au niveau des « valeurs », Mitt Romney est plutôt très conservateur, voire ultra-conservateur, comme le diraient ses détracteurs. En effet, Romney profite d’une population américaine très religieuse (lui d’ailleurs est mormon) et chrétienne pour proposer des mesures qui peuvent paraitre effrayantes, quand on voit ce que certains de ses soutiens peuvent en dire. L’exemple le plus frappant est celui du droit ou non à l’avortement. Les républicains sont très fortement contre le droit à l’avortement pour les jeunes filles sous le prétexte qu’on ne pourrait pas « tuer un enfant de Dieu » (même si il est au stade de l’embryon!). Pire, certains élus avancent même que le viol sur un femme est une méthode de conception d’un enfant comme une autre et donc que la femme ne devrait pas non plus avorter. Les républicains sont pour la peine de mort dans tous les États de leur pays. On comprend que ce côté ultra-conservateur fasse fuir les Européens, beaucoup plus progressistes dans l’ensemble que les Américains. D’ailleurs, si Romney et Obama s’opposaient aujourd’hui en France, ce dernier s’imposerait certainement avec 80% des voix avec un consensus droite gauche! Mais l’Europe n’est pas l’Amérique, sachons le. Ainsi, si Romney l’emportait, les USA auraient une image de pays archaïque, dépassé, qui ne respecte que peu les droits des femmes dans le monde, ce qui n’est souhaitable ni pour eux, ni pour nous, surtout quand les États-Unis veulent faire des leçons de morale et de laïcité, notamment aux pays arabes.
Au niveau économique, Mitt Romney est un candidat pour le moins libéral, et anti-étatiste. Là encore, le républicain profite d’une grande partie des Américains toujours suspicieux envers l’État fédéral, qui ne serait que peu légitime et qui spolierait le peuple par ses impôts. En France, Nicolas Sarkozy a été accusé (souvent à tord) d’être le candidat des riches, mais si tel est le cas, qu’en est il de Mitt Romney? En effet, celui ci promet de fortement réduire les impôts des plus riches et des grandes entreprises (s’appuyant sur les travaux des économistes de l’offre, notamment Laffer, et assure vouloir imiter la politique économique de Reagan dans les années 1980) afin de relancer l’investissement privé. Par ailleurs, Romney promet de « casser » l’Obamacare, ou au moins de le réduire de sa substance, puisque celui-ci couterait trop cher à l’État et ne créerait que des « assistés » (en référence à la vidéo des 47% de la population qui serait obligé de voter pour Obama puisque assistée) qui profiterait du système sans avoir une réelle volonté de s’en sortir. Poussé par sa droite et notamment le Tea-Party qui est de plus en plus puissant aux États-Unis, Mitt Romney a donc choisi un programme économique radical. Les conséquences de la victoire de Mitt Romney n’en seraient pas moins radicales. Soit l’économie américaine est fortement relancée par cette politique libérale en faveur de l’offre. Soit, au contraire, et c’est malheureusement le scénario le plus probable, cette politique casse complétement l’économie via l’effondrement de la demande et ne ferait que creuser encore plus la dette publique américaine ainsi que le chômage. Ainsi, l’élection de Mitt Romney ne serait pas forcément souhaitable pour l’économie américaine et mondiale.

Romney n’en fait pas il trop ?
Sur le plan de la politique extérieure, Obama et Romney divergent plus sur la forme que sur le fond. Romney a l’avantage pour lui qu’il n’a pas de bilan à défendre, quand celui du président sortant n’est pas forcément très bon. Mitt Romney, encore plus que Barack Obama, est un fervent défenseur d’Israël dans la région (d’ailleurs il n’est désormais plus qu’un secret de polichinelle que le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu soutient la candidature du républicain). Comme Obama, Romney a un discours très ferme vis à vis de l’Iran. Tout faire pour que l’Iran ne possède pas l’arme nucléaire fait consensus au États-Unis, comme c’est le cas en Europe. Romney a promis des sanctions très sévères vis à vis de l’Iran, voire un soutien militaire si Israël est contraint d’attaquer Téhéran.
Mitt Romney porte un discours très impérialiste et veut redonner à son pays un prestige à l’international ainsi qu’une crainte pour les pays ennemis. Comme le disent souvent ses conseillers politiques: « Le déclin est un choix. Ce n’est pas nécessairement notre destinée ». Les républicains cherchent à dénoncer la « passivité » et le « laxisme » d’Obama en matière de politique étrangère. L’américain moyen étant très patriote, voir son pays « dominer » le monde ne peut que lui plaire. Le fait de montrer qu’Obama a fait devenir les États-Unis un pays banal est donc un angle d’attaque très fructueux électoralement. Ainsi, Romney serait peut être source de tension diplomatique, notamment vis à vis du monde arabe et du proche-orient mais aussi avec la Chine, à qui il ne veut pas laisser le leadership économique de demain. Romney accuse la Chine de « manipuler sa monnaie » afin de favoriser ses exportations et donc au détriment de l’économie américaine qui voit son déficit commercial augmenter. Enfin, le candidat républicain est aussi très sévère avec la Russie de Vladimir Poutine, qui ne peut être considéré comme un pays démocratique pour celui-ci.
En conclusion, en cas d’élection de Mitt Romney il existe deux scénarios économiques. Ou l’Amérique se redressera très fortement via une économie libérale qui aura fonctionné notamment via le retour de la confiance et la baisse de la dette publique. Ou au contraire elle s’enlisera, voire s’effondrera dès lors que cette politique n’aura pas fonctionné et que la forte baisse des dépenses publiques voulue par Romney aura eu un effet très négatif sur la consommation et l’investissement national. Au niveau de la politique extérieure, l’élection de Romney serait source de tensions diplomatiques ce qui n’est pas forcément souhaitable en période de crise économique mondiale.
Laisser à Obama une seconde chance et un second mandat pour qu’il continue les réformes qu’il a commencées est certainement la décision la plus sage…
Sport et dopage
Lance Armstrong déclassé de ses 7 Tour de France?
Le 24 aout au petit matin, nous avons appris que Lance Armstrong, l’icône du cyclisme américain et sextuple vainqueur du Tour de France, allait très certainement être privé de tous ses titres et palmarès depuis 1999 (soit l’année de sa première victoire sur le Tour) suite à l’accusation de dopage de 1999 à 2005 par l’Agence Antidopage Américaine (l’USADA). De plus, il serait radié à vie du cyclisme. Cette nouvelle affaire de dopage n’a rien d’étonnant, tant les soupçons sur Armstrong sont forts depuis bien longtemps, mais elle montre bien que la lutte contre le dopage dans le sport est toujours aussi présente, et qu’elle doit continuer à persévérer pour se débarrasser des tricheurs.
Bien sûr, sport et dopage vont continuer à coexister et certainement pour toujours, mais il est intéressant de noter que les contrôles antidopages fonctionnent de mieux en mieux, notamment en cyclisme et en athlétisme. Aux Jeux Olympiques de Londres, un nombre impressionnant de contrôles positifs et d’exclusions d’athlètes olympiques a été mesuré, preuve que des progrès sont fait.
Il semble évident que tous les sports ne sont pas autant affectés par la dopage. En effet, le cyclisme est sans doute le sport où le dopage est le plus présent. Cependant, la faute n’est pas seulement celle du coureur qui se dope (bien qu’il ait son « libre arbitre » pour décider), mais aussi aux organisateurs des grands tours qui préfèrent souvent privilégier le spectacle et des parcours dantesques et fortement montagneux à l’intégrité des coureurs. Ainsi, dans un monde où l’argent et la victoire sont rois, le sport et le cyclisme ne dérogent pas à la règle. Le business du dopage y est tellement important que certains laboratoires pharmaceutiques et médecins sont directement liés aux affaires de dopage, en atteste les affaires Puerto (qui n’ont d’ailleurs pas seulement touché le cyclisme) et Festina. Ainsi, les affaires de « gros sous » sont très fréquentes. Le parfait exemple de conflit d’intérêt entre un athlète et les instantes internationales nous ramène encore une fois à « l’affaire Armstrong ». Il ne fait désormais aucun doute que ce dernier a longtemps été protégé par l’Union Cycliste Internationale, dont il est un des principaux… donateurs. Il est donc probable que l’UCI ai permis à Armstrong de ne jamais avoir été contrôle positif durant toute sa carrière, ce qui a toujours été sa principale arme pour se défendre face à ses détracteurs.
L’athlétisme est aussi toujours sujet à des problèmes de dopage, car c’est un sport où la dimension physique est primordiale. La suspicion dans le sport est inévitable, surtout quand les performances des athlètes sont extraordinaires. Ainsi, les sprinteurs jamaïcains Blake et Fraser ont tous les deux été suspendus pour dopage mais sont aussi revenu au bout de quelques mois puisque protégé par les instantes jamaïcaines, plus laxistes en terme de dopage que les européens ou les américains. Carl Lewis, le grand champion américain a même déclaré publiquement ses doutes quant aux performances d’Usain Bolt, jugées « étonnantes » à son goût. Ainsi, les cas de dopage sont extrêmement nombreux en athlétisme, notamment aux États-Unis (on pourra citer Marion Jones), bien que l’efficacité de la lutte antidopage soit de plus en plus forte.
Il est important de noter que le cyclisme est souvent accusé de tous les maux car les cas de dopages sont légion. Cependant, la performance physique dans ce sport n’a rien à voir avec celle d’un footballeur ou d’un pongiste et il est donc plus tentant de se doper ici plutôt qu’ailleurs. De plus, de nombreux sports ne sont pas assez contrôlés par rapport à d’autres. On peut notamment penser au tennis, au football et au rugby. Il est donc bien plus facile de passer entre les mailles du filet dans ces sports. Concernant le tennis, la dernière suspension d’un joueur du Top 50 remonte à 2005 chez les hommes et à 2007 chez les femmes (Martina Hingis). Pour autant, le tennis est il propre? Rien n’est moins sûr… En effet, l’ATP fait taire les joueurs qui parlent trop de dopage alors que les anciennes gloires du tennis (Noah, McEnroe) ne cachent pas que les amphétamines et les stéroides sont parfois consommés par les joueurs. Les contrôles hors compétitions sont très peu fréquents alors même que les vainqueurs des grands chelems ne sont pas toujours contrôlés. Le laxisme est bien présent dans le tennis. Le football n’a rien à lui envier. Comme beaucoup le disent, « le football est le champion du monde de l’omerta », les perfusions sont très souvent pratiqués mais les contrôles antidopages sont quasiment inexistants (selon les spécialistes, 1 footballeur sur 2000 serait contrôlé). Le football, comme beaucoup d’autres sports, est moins contrôlé car la plupart des gens pense que, contrairement au cyclisme, le physique n’est pas l’unique caractéristique de performance mais qu’il faut y ajouter la technique et le mentale.
Ainsi, un meilleur contrôle dans tous les sports serait plus juste afin que les boucs émissaires ne soient pas toujours les mêmes. Si tel était le cas, il y aurait sans doute des surprises. Afin de finir sur un brin d’optimisme, il faut quand même rappeler que la lutte contre le dopage n’a jamais été aussi efficace que depuis quelques années, notamment en cyclisme et en athlétisme. Nous ne sommes plus à l’époque du cyclisme des années 90 et 2000 (Us Postal, Armstrong, Pantani…) où la plupart des cyclistes étaient dopés ou à l’époque de la guerre froide où il en était de même pour les athlètes de l’Ex URSS et de la RDA. Des progrès ont été fait et les sportifs ont aussi peut être plus pris conscience que le dopage pouvait être mortel. Espérons que dopage et sport soient de moins en moins corrélés. Cependant, ne soyons pas naïf car le dopage ne disparaitra sans doute jamais des disciplines sportives.
Depuis maintenant 5 ans et la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, les pays occidentaux et le monde entier sont en crise. Dans un premier temps, en 2007, la crise financière a été marquée par une crise de liquidité et de solvabilité qui s’est traduite par un resserrement du crédit (credit crunch en anglais), menaçant fortement l’économie réelle par le biais de la titrisation, qui consiste à rendre un prêt ou une créance non négociables et en un actif financier liquide sur les marchés financiers. C’est ainsi que la crise des subprimes, uniquement américaine, s’est propagée au reste du monde à via l’internationalisation des marchés financiers et des banques.
Cette crise boursière et financière débouchant sur une crise économique, l’État a du injecter dans l’économie des dizaines de milliards d’euros ou de dollars pour relancer la machine et la croissance, en favorisant la consommation des ménages notamment. On peut aussi appeler cela, en économie, des plans de relance keynésiens, qui visent donc à booster l’économie via la hausse de la consommation des ménages, et notamment ceux des plus démunis, qui ont une propension à consommer plus importante que les plus riches, qui épargnent plus (on parle de loi psychologique de Keynes). Dans ce même objectif de relance économique, les grandes banques centrales ont mené des politiques monétaires expansionniste, favorisant la baisse des taux directeurs et donc des taux d’intérêts des banques et facilitant l’investissement privé pour les entreprises. Ainsi, une spirale récessionniste comme celle de la crise de 1929, que beaucoup craignaient, a été évitée grâce à une bonne intervention étatique dans les pays développés.
Mais à quel prix? En effet, depuis 2007, les dettes publiques des pays d’Europe, des États-Unis et du Japon, ont totalement explosé, jusqu’à penser que celles-ci deviendraient insoutenables et mèneraient ces pays à leurs pertes. Ainsi, cette hausse spectaculaire des dépenses publiques, en plus d’un fort tassement des recettes fiscales à cause de la contraction économique, a débouché sur des déficits publics et des dettes publiques qui ont, pour certains pays, doublé en même pas 5 ans. En France, sous le mandat de Nicolas Sarkozy, la dette française a pratiquement augmenté de 700 milliards d’euros pour atteindre près de 90% du PIB, bien au delà des 60% autorisé par les critères de Maastricht. Le niveau de la dette a déjà dépassé les 150% du PIB en Grèce et plus de 120% du PIB en Irlande et en Italie. Dans le reste du monde, la dette américaine a dépassé le seuil symbolique des 100% du PIB quand celle-ci est à près de 230% au Japon… (bien que détenu en grande majorité par des japonais, ce qui limite le risque). Actuellement, nous nous interrogeons sur le fait qu’il faille, ou non, garder le Grèce dans la zone euro, alors que celle-ci risque de ne plus vouloir appliquer les plans de rigueur, qu’exige l’Union européenne en contrepartie des prêts qu’elle lui accorde, du fait que le parti de la gauche radicale grec risque de prendre le pouvoir très bientôt…
vers un effet domino de contagion de la crise?
Pour sortir de ces crises, les hommes politiques des différents grands pays ne s’accordent pas sur les moyens qu’il faut utiliser et sur la stratégie de sortie de crise. Exemple tout récent, les différentes solutions qu’ont la France et l’Allemagne pour sortir de la crise de l’euro, afin d’éviter son éclatement. C’est pour cela que nous allons étudier et analyser la pensée de deux grands économistes, John Maynard Keynes et David Ricardo, pour justement se demander si, en ces temps troubles, nous ferions mieux d’être plutôt keynésiens ou ricardiens? Si raccourci il doit y avoir, alors le président socialiste François Hollande se range du côté des keynésiens tandis que la chancelière Angela Merkel serait plutôt ricardienne, c’est à dire adepte de la pensée de David Ricardo. L’un serait donc favorable à des politiques plutôt conjoncturelles de relance de l’économie tandis que l’autre privilégierait les politiques structurelles, le plus souvent libérales, qui ne portent souvent leurs fruits qu’à long terme et donc plus impopulaire politiquement. Ne faisons pas un mauvais procès à François Hollande, qui vient juste d’annoncer récemment que « la croissance ne naîtra pas de dépenses publiques supplémentaires ». Cependant, quand on voit ce que son gouvernement a fait depuis 1 mois ou ce qu’il compte faire dans les prochains mois, à savoir augmenter de 25% l’allocation de rentrée scolaire, donner un « coup de pouce » au SMIC ou revenir sur la réforme des retraites, on peut s’interroger sur la sincérité de ces propos ou du moins penser dès maintenant que le « tournant de la rigueur » va arriver plus vite que prévu.
Interrogeons nous alors sur ce que sont vraiment Keynes et Ricardo et de savoir comment auraient ils réagi face à cette crise. Faut il, pour relancer la croissance, mener des politiques keynésiennes ou ricardiennes? Le problème est qu’en France, on veut toujours opposer ces 2 grands économistes sous prétexte que leurs solutions sont trop éloignées, alors que c’est faux et que l’on peut concilier politiques keynésiennes et ricardiennes.
En France, pour appuyer ses arguments, la gauche cite souvent Keynes, souvent à tord car Keynes était un libéral et contre l’étatisation de l’économie. De même, la gauche française veut relancer la croissance en augmenter la consommation des ménages via la hausse du SMIC ou des allocations de rentrée scolaire, alors que Keynes prônait une relance via l’investissement, qui a des effets de long terme alors que la relance par la consommation n’a généralement que des effets de court terme et conjoncturelles. Ainsi, en 2008, Keynes se serait sans doute opposé aux différents plans de relance car la crise était déjà structurelle (crise de dérégulation financière) alors que celle-ci a été traitée par des actions conjoncturelles. Ainsi, les États sont sortis très affaiblis en 2010 (à cause de l’endettement excessif) alors même qu’ils doivent jouer un rôle majeur dans le soutien à l’activité économique, selon Keynes. De même, il est intéressant de noter que Keynes, déjà à son époque, était favorable à une dévaluation fiscale et à une taxe sur les importations, ce qui correspond à la TVA sociale qu’a proposée Nicolas Sarkozy et qu’a toujours combattue la gauche. Enfin, l’idée de créer une taxe sur la finance (taxe Tobin) semble être une bonne idée qui fait consensus politiquement en France. Ainsi, il ne faut pas se fier aux apparences: Keynes n’était pas un partisan uniquement des politiques de court terme mais aussi celle de long terme et donc des politiques structurelles. La gauche ne devrait donc pas caricaturer Keynes et si elle appliquait à la lettre ses prérogatives, alors la situation économique du pays serait sans doute meilleure…
David Ricardo, comme Adam Smith, est un économiste classique, à savoir libéral, partisan d’un État non interventionniste (ou du moins peu) dans l’économie. C’est donc leurs positions respectives vis à vis de l’État qui séparent radicalement ces deux économistes. Comme la pensée libérale inspirée par Smith, Ricardo, Say ou plus récemment Friedman, l’Allemagne d’Angela Merkel privilégie une vision de long terme, qui s’effectue principalement via des politiques structurelles à connotations libérales, via la compétitivité accrue des entreprises ou encore une meilleure flexibilité sur le marché du travail. Pour Ricardo, et aussi pour Bruxelles aujourd’hui, la qualité des dépenses publiques importe largement plus que la quantité. Par exemple, en France, le niveau des dépenses publiques dépasse de près de 10 points de PIB celui de l’Allemagne (45% contre 55% du PIB en France). Pourtant, l’État n’y est pas plus efficace et la situation économique des deux pays semble montrer que la vision allemande semble être meilleur. Ricardo montre via la théorie de l’équivalence ricardienne, reprise ensuite par Barro dans les années 70, que les dépenses publiques financées par la dette ne sont pas plus efficaces que celle financées par l’impôt car les agents économiques vont anticiper les mesures d’austérité qui suivront pour rééquilibrer les comptes publics et donc épargner davantage. C’est pourquoi Ricardo était un tenant de la rigueur budgétaire car pour que l’État puisse agir un minimum dans l’économie, déjà faudrait il qu’il en ai les moyens financiers sans dépendre totalement des marchés financiers, souvent accusé d’être les responsables de la crise alors qu’au contraire ils participent à éviter qu’elle ne se transforme en dépression, du moins depuis 2 ans. Cependant, pour accomplir ces réformes structurelles indispensable en France, il faut avoir du courage politique, ce que n’a pas eu François Hollande durant sa campagne mais qu’il va certainement devoir avoir dans les prochains mois. En effet, l’agenda 2010 mis en place par le social-démocrate allemand Schröder au début des années 2000 permet à l’Allemagne d’être dans la bonne situation qu’elle vit aujourd’hui, au prix d’une défaite électorale. De même, les réformes structurelles que voulait mettre en place Nicolas Sarkozy (retraites, TVA sociale) semblaient aller dans le bon sens au vue de la situation financière du pays mais les français lui ont préféré François Hollande.
Ainsi, il semble possible de concilier politiques keynésiennes et politiques ricardiennes en Europe et c’est ce qu’il semble se profiler. La volonté de relancer la croissance économique en Europe va forcément devoir se faire via une relance de la consommation et de l’investissement -Vive Keynes!- tandis que la consolidation budgétaire absolument nécessaire passe par la poursuite de la rigueur -Vive Ricardo!- en Europe. Il en va donc de la responsabilité et de la crédibilité des gouvernements en place qui eux seuls peuvent éviter l’explosion de la zone euro et une stagnation économique qui se prolongerait pour les dix années à venir…
Alors, Copé ou Fillon?
À l’aube des élections législatives qui arrivent désormais très bientôt et dont le retentissement dans les médias se fait peu présent (comme si c’était déjà joué d’avance, à raison?), une guerre des chefs se prépare à l’UMP, pour savoir qui va reprendre la présidence du parti en automne prochain, jugé comme un tremplin important en vue (déjà!) de la présidentielle en 2017. Cette guerre des chefs va se jouer, assez logiquement, entre François Fillon et Jean-François Copé, deux des plus grandes figures de la droite française aujourd’hui.
Après quelques piques et attaques via médias interposés , l’heure est au rassemblement à l’UMP en vue des élections législatives pour que la défaite annoncée soit la moins sévère possible. En effet, si en public, les dirigeant de l’UMP visent encore la victoire, en privé, ils admettent volontiers que celle-ci est pratiquement impossible et qu’il faudrait plusieurs grosses bourdes du nouveau gouvernement pour qu’elle se réalise. Pourtant, à l’intérieur du parti, le climat entre les deux hommes est délétère, ils ne s’aiment pas et ne s’aimeront sans doute jamais. Ce n’est pas tant sur les idées qu’il y a des désaccords (même s’il existe des divergences sur lesquelles je vais revenir), mais sur la personnalité des deux hommes.
François Fillon, désormais ex-premier ministre, a totalement raison de dire que depuis le départ de Nicolas Sarkozy, « il n’y a plus de leader naturel à l’UMP », et d’ailleurs même Jean-François Copé ne le conteste pas. De plus, la bataille ne va peut-être pas se jouer uniquement entre Fillon et Copé, d’autres peuvent tenter leurs chances, comme Alain Juppé. François Fillon est la personnalité de droite préférée des français, aux côtés d’Alain Juppé et loin devant Jean-François Copé. Les sympathisants de gauche, du centre, de droite et même ceux du FN le préfèrent à JF Copé. Cependant, ce dernier dispose d’un grand nombre de soutien au sein du parti et a conclu une alliance tacite avec les « mousquetaires » Valérie Pecresse, François Baroin, Bruno Lemaire et Luc Chatel pour devenir président de l’UMP. Étant donné que ce sont les militants et non les sympathisants qui voteront en automne prochain, JF Copé part donc avec un léger statut de favori.
À l’heure du choix (et si un choix il faut prendre) je choisirais François Fillon bien que j’estime que Copé est un formidable (trop ?) loup politique. Pourquoi ce choix ? Je pense vraiment que dans le comportement, JF Copé essaye d’être un Sarkozy bis et on sait tous que généralement, l’original est toujours mieux que la copie. Comme Sarkozy, Copé se veut plus clivant qu’un Fillon et incarne une droite plus dure que celui-ci. Jean-François Copé est un excellent débatteur mais son coté guerrier prêt à tout peut exaspérer l’électorat et raviver des tensions qui seront in fine favorables au Front National. Il aime dominer et parfois cela se traduit par de l’arrogance, bien que cela puisse être un avantage d’être un esprit fort en politique. Concernant la stratégie face au FN aux élections législatives, Fillon semble favorable à celle du front républicain (faire barrage au FN en votant PS) quand Copé préfère celle du « ni-ni » (ni PS, ni FN, stratégie que moi-même je défends, pour en savoir plus allez voir mes précédents articles). Concernant François Fillon, son attitude bien plus rassembleuse au-delà de la droite est un atout indéniable. C’est là que je rejoins François Bayrou, qui lui aussi préfère Fillon « dont les idées et les valeurs sont absolument ouvertes et justes ». Cependant je trouve choquant que Bayrou assimile Jean-François Copé au « Tea Party » américain alors que peu de choses les rapprochent (notamment sur la politique sociale). Par ailleurs, je réfute l’idée que si l’on aimait Nicolas Sarkozy, on ne pouvait aimer François Fillon et vice versa à cause de leurs trop grandes différences de caractère. J’ai beaucoup aimé les deux et on a besoin de personnalités différentes dans un même parti. On reproche à Fillon un manque de charisme (à tort ou à raison) mais c’est aussi ce qu’on a reproché à François Hollande et pourtant il a été élu président de la République. Ainsi, la discrétion et le côté rassembleur de François Fillon peuvent se transformer en un avantage vis-à-vis des français, qui semblent n’avoir pas supporté l’omniprésence et l’hyperactivité du président Nicolas Sarkozy (bien que pour moi, ce sont des qualités rares).
Ces raisons me font penser que François Fillon serait un meilleur chef pour l’UMP, tout en pensant que JF Copé ne serait pas non plus un mauvais choix. Fillon incarne une droite plus sociale que celle de Copé. Cependant, ils sont d’accord sur l’essentiel, à savoir réduire les déficits de façon à ce qu’ils ne soient plus une menace pour le pays et restaurer la compétitivité des entreprises françaises pour relancer l’emploi et la croissance. Ce que je reproche à Copé, c’est qu’on a l’impression (comme certains l’ont eue avec Sarkozy) que ses prises de position sont plus électoralistes que le fruit de sa propre vision de la société (il incarnerait la droite dure proche de la droite populaire tout en étant foncièrement libéral, ce qui me laisse perplexe). Reproche que l’on ne peut pas faire à Fillon, qui a toujours gardé la même ligne de conduite. Mais quel que soit le vainqueur de ces élections pour la présidence de l’UMP, j’espère que le ou les vaincus reconnaitront très vite leur défaite et travailleront main dans la main avec le nouveau président du parti, condition sine qua non pour que l’UMP redevienne une machine à gagner les élections locales et nationales, chose qu’elle n’arrive plus à faire depuis trop longtemps.
Pour conclure, plus qu’à la présidence de l’UMP, c’est comme candidat de la droite républicaine en 2017 que j’aimerais voir François Fillon, ou dans une moindre mesure quelqu’un ayant la même ligne politique. Copé, que j’apprécie par ailleurs, est déjà impopulaire vis-à-vis des français car il divise plus que Fillon et aura donc plus de mal de l’emporter en 2017 qu’un Fillon ou un candidat plus modéré.